"Para mi solo recorrer los caminos que tienen corazaon, cualquier camino que tenga corazon. Por ahi yo recorro, y la unica que vale es atravesar todo su largo. Y por ahi yo recorro mirando, mirando, sin aliento."

Perdre sa propre importance

Le guerrier agit donc stratégiquement. Il a un dessein : le pouvoir. Tous les moyens lui sont bons et ce n'est donc pas par "humilité morale" qu'il cherche à perdre sa propre importance. "L'humilité du guerrier, dit don Juan, n'est pas l'humilité du mendiant. Le guerrier ne baisse pas la tête devant personne mais il ne permet pas que l'on baisse la tête devant lui. Le mendiant, en revanche, tombe à genoux au moindre geste et lèche le sol pour celui qu'il estime supérieur à lui, mais en même temps il exige de celui qui est plus bas qu'il lui lèche le sol" (Histoires de pouvoir).

Son humilité est accord avec tout ce qui l'entoure : n'être ni plus ni moins important que qui que ce soit, c'est considérer que le monde et nous-même sommes un mystère. "Et les hommes ne valent pas mieux que n'importe quoi d'autre." Voici rejeté l'anthropocentrisme de tant de "traditions" à "extase intellectuelle", anthropocentrisme qui n'est qu'une conséquence du théocentrisme, une spéculation vaine et prétentieuse. L'Homme n'est pas plus important que n'importe quoi... "Comment, en effet, se sentir important quand on sait que la mort nous traque ?" Dans un monde "où il n'y a pas de survivants", où nous ne sommes que "de la lie entre les mains du pouvoir", quelle importance peut-on accorder à soi et à chaque chose ? Perdre sa propre importance est ainsi perdre la notion de l'importance de n'importe quoi ou de n'importe qui. Rien n'est important, sinon ce mystère que notre raison ne percera jamais.

Les hiérarchies, fondées toujours à partir d'une appréciation flatteuse de soi (et l'"humilité" du "pécheur" est la plus odieuse manifestation de cette lâcheté et de cette vanité, puisque le "pécheur" qui est le plus bas est ainsi le plus haut) ne peuvent exister pour celui qui traque ses faiblesses et qui est traqué par sa mort, par celui qui est seul dans un monde inexplicable. Ainsi, ajoutera don Juan quand il donnera à Castaneda "l'Explication des sorciers", la perte de sa propre importance aide à effacer son histoire personnelle ; pour nourrir celle-ci, il faut se sentir important. S'apitoyer sur son sort, c'est-à-dire s'abstenir d'agir librement, c'est être important. Un être qui ne se considère plus comme important ne peut se laisser aller à la vanité, ni à la pitié pour lui-même : celui qui n'espère rien ne peut tomber dans le désespoir. Il sait simplement qu'il n'a que le temps de décider, devant sa mort inévitable. Ainsi sa vie n'est plus accaparée par les désirs et les illusions.

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