"Para mi solo recorrer los caminos que tienen corazaon, cualquier camino que tenga corazon. Por ahi yo recorro, y la unica que vale es atravesar todo su largo. Y por ahi yo recorro mirando, mirando, sin aliento."

l'Art du Guet

 "Devenir un chasseur" consiste plus globalement à pratiquer ce que les Toltèques nomment l'Art du Guet.

L'art du guet s'exerce dans la réalité ordinaire. C'est un art pour le côté droit, consistant en interventions très précises sur la réalité ordinaire et permettant d'accéder à une réalité élargie.

Le guetteur est un praticien exercé qui a fait du monde quotidien son champ de bataille. Il transforme chacune de ses activités, chaque échange avec ses semblables, en une stratégie cohérente.

Le guet, c'est le contrôle stratégique de son comportement. Son champs d'action privilégié est celui de l'interaction sociale, que les autres soient des guerriers ou pas. C'est pour cela que le guetteur, loin de s'éloigner de son entourage habituel, y poursuit ses activités, afin d'aiguiser son esprit, d'accroître son énergie et de dépasser les limites que lui impose son histoire personnelle.

Être à l’affût, guetter, évoque la chasse mais seul le guerrier peut étendre à tout ce qui constitue sa vie l'art du guet ; tout convertir en proie, y compris sa propre personne et ses faiblesses.

Le vrai chasseur, en tant que guetteur, sait faire la différence entre observer et juger. Entre s'aviser et penser. Pour atteindre une proie, il faut l'observer. Il faut pouvoir sentir, en silence, ce qu'elle fait, afin de connaître ses habitudes : où elle se nourrit, où et à quel moment elle dort, par où elle passe, etc. Si l'observation est bonne, on saura tout cela, et on pourra, connaissant ces routines, tendre son piège ; alors, la proie ne peut plus nous échapper.

Pendant que le chasseur observe, pensée et dialogue intérieur ne sont pas de mise. L'observation est simple et directe. Il s'agit seulement de constater.

L'observation est une des matières premières du guet ; la conduite inhabituelle en est une autre.

Si le dialogue intérieur et l'activité ordinaire maintiennent le point d'assemblage à sa place, n'importe quelle activité atypique déployée de façon persistante, systématique, conduit à un déplacement de ce même point. Les moyens de le faire se déplacer sont nombreux, mais la plupart d'entre eux présentent une menace pour la santé mentale de ceux qui les emploient, tant qu'ils demeurent convaincus que la réalité est une et immuable ; je pense à l'abus de plantes psychotoniques, à certains traumatismes pouvant conduire à la schizophrénie.

Comme il implique un contrôle systématique des activités, le guet permet d'obtenir, en revanche, un déplacement progressif et harmonieux du point d'assemblage, et l'accès aux mondes inconnus s'opère alors avec mesure et efficacité.

La voie du guetteur est aussi la manière la plus efficace d'agir dans le monde quotidien, en société. Etant donné que le guetteur agit à partir de l'observation et non de la pensée préconçue, que son monde va en s'élargissant tandis que se déplace son point d'assemblage, et que ses actes sont motivés par une stratégie et non par les caprices du moi, il se trouve en meilleure position que l'homme ordinaire pour réussir ce qu'il entreprend.

Nous ne sommes pas condamnés à obéir à perpétuité à notre moi. Nous pouvons changer, nous réinventer. Créer de nouvelles formules. Pouvoir exercer sur notre monde une action affranchie des grandes peurs de nos sociétés.

Le guet c'est l'observation, le contrôle stratégique de sa conduite, l'art de se surveiller soi-même. C'est aussi la façon la plus efficace de régler les problèmes quotidiens, et d'obtenir un déplacement du point d'assemblage dans la mesure et l'équilibre. C'est le pont jeté entre une réalité et l'autre, qui donne accès au soi.

Don Juan évoque les 4 dispositions de l'art du guet :
- Être implacable (sans être dur),
- Être rusé (sans être cruel),
- Être patient (sans être négligeant),
- Être gentil (sans être sot).

Et une règle d'or : ne pas critiquer, ne pas se plaindre, ne pas condamner.

C'est ainsi qu'un guerrier doit apprendre à être dans son acte juste (impeccabilité) et se dépouiller de tout ce qui est superflu, avant qu'il puisse même concevoir de contempler le nagual. 

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