"Para mi solo recorrer los caminos que tienen corazaon, cualquier camino que tenga corazon. Por ahi yo recorro, y la unica que vale es atravesar todo su largo. Y por ahi yo recorro mirando, mirando, sin aliento."

Perdre sa propre-importance - pratiques

Pour commencer, se placer en tant qu’observateur de soi-même. Il est possible de s'observer être et agir, d'être témoin de soi-même. Dans le cas de sa propre-importance, prendre conscience de celle-ci à travers ses multiples aspects, est déjà un moyen de la réduire puis à terme de l'éradiquer. Il s'agit de s'observer, sans jugement, et de ressentir ce que cela crée en soi et autour de soi. Observons comment le moi-je a étendu son pouvoir en nous... comment il est la source de bien des maux... et d'une telle débauche d'énergie. Rendons-nous compte à quel point nous sommes auto-centrés et comment cela nous sépare du Tout. Don Juan parlera de l'auto-contemplation comme d'une bulle autour de nous, qui nous empêche de voir au-delà. A chacun d'observer sa propre-importance et d'en déterminer ses ramifications pour soi.

Parler aux plantes et aux arbres

Cette technique simple est d'une grande utilité, tout particulièrement lorsque la colère ou une autre manifestation de l'importance personnelle nous gagne. On peut alors parler à une plante qui se trouve à notre portée ou sur notre chemin, lui demander si elle veut bien nous aider, parce que l'importance que nous nous attribuons nous accable. Notre demande doit être faite à haute voix.
On peut agir de même avec les arbres, et comme l'empathie entre eux et nous est plus grande, les effets possibles seront plus importants. Embrasser un arbre, lui parler de nos tribulations, peut faire de lui un ami véritable, compréhensif et compatissant, qui nous apaise. Ayez un petit geste ensuite pour l'arbre choisi, en échange, comme lui apporter un peu d'eau, d'engrais naturel ou en lui dédiant une chanson. L'arbre en sera très heureux.

Agir pour agir

N'importe quelle activité absurde peut être bonne pour cet exercice. L'important, c'est de s'y livrer scrupuleusement, avec la plus grande attention. En tant qu'hommes ordinaires, imbus de notre importance, nous exigeons que tous nos efforts obtiennent récompense, soient rétribués d'une façon ou d'une autre. En tant que guerriers, il nous faut impérativement apprendre à agir pour agir. Dans la situation de l'homme ordinaire, nous ne faisons que ce qui compte à nos yeux, en accord avec les exigences de notre moi, qui sont celles de l'importance personnelle. Pour notre moi, les actions visant à réduire notre raison paraissent donc sans importance, absurdes, à éviter. En revanche, agir pour agir nous ouvre des perspectives nouvelles, permet qu'advienne l'inespéré, nous enseigne la patience et surtout, à agir d'une façon désintéressée. Aussi longtemps que nous ne parviendrons pas à agir ainsi, les exercices du "non-agir" nous seront très pénibles, puisque leurs effets ne sont pas, pour notre moi, une récompense attirante.
Nous pouvons apprendre à agir pour agir en adoptant quelques routines absurdes qui, une fois l'habitude acquise, devront être abandonnées. En voici quelques exemples :
- Souhaiter bonne nuit à son oreiller avant de dormir.
- Faire le tour du pâté de maisons avant d'entrer chez soi.
- Ranger les cailloux du jardin selon leur taille et selon leur forme.
- Faire faire une petit tour aux ustensiles de cuisine une fois par semaine.
On peut encore effectuer des tâches exigeant un grand effort, beaucoup de concentration, mais nullement gratifiantes. Par exemple :
- Déplacer une lourde pierre sur plus d'un kilomètre, puis la remettre à la place où nous l'avions trouvée.
- Arracher une souche énorme, puis la remettre en terre.
- Construire avec soin une cabane dans la forêt, et, quand elle est prête à nous accueillir, la démonter sans l'avoir occupée, en replaçant tous les éléments de la construction où nous les avions trouvés.
- Construire un bel objet en bois et, quand nous l'aurons terminé, le brûler ou le lancer dans la rivière.
Plus l'effort sera grand et plus il durera, plus efficace sera l'exercice.

Veiller sur quelqu'un

Un autre exercice utile, pour réduire l'importance personnelle, est de se vouer corps et âme, pour une période donnée, à veiller sur quelqu'un, à le soutenir et à l'encourager, en choisissant un individu sans la moindre reconnaissance. Pour le moi, habitué à ne considérer que lui-même, cet exercice est tout simplement dévastateur. On peut s'y livrer secrètement ou ouvertement. Il est généralement préférable de garder son intention pour soi, sauf si la personne sur laquelle on veille est un malade, ou si la situation est telle que l'on doive obtenir, au préalable, l'accord explicite de celui ou de celle qui fera l'objet de nos soins. Pour pouvoir réaliser l'exercice avec la dévotion et la gratuité nécessaire, il convient de choisir un individu incapable de nous témoigner de quelque façon que ce soit de la reconnaissance, du point de vue de notre moi. Nous ne devons pas chercher à obtenir quoi que ce soit de la personne choisie. Bien entendu, pour mener à bien l'étrange devoir consistant à aider un ingrat, il nous faudra nécessairement apprendre, entre-temps, à agir indépendamment de l'importance personnelle.

Moi : le portrait parlant

Cet exercice individuel est une excellente préparation aux diverses formes de "non-agir du moi". Il consiste à dresser un portrait fidèle de soi et de sa façon de vivre, mais à la troisième personne, comme s'il s'agissait de quelqu'un d'autre. Dans ce portait devront figurer :
- le nom,
- l'âge,
- les caractéristiques physiques,
- la façon de s'habiller,
- la façon de vivre,
- l'état de santé,
- les endroits fréquentés,
- les endroits évités,
- les états d'âme les plus fréquents,
- ceux qu'on fréquente,
- ceux qu'on évite,
- travaux de prédilection et travaux en cours,
- grands traits de sa vie affective,
- image de soi offerte aux autres,
- routines quotidiennes,
- routines structurales internes (répétitions cycliques),
- façon de parler,
- sujets de conversation,
- loisirs (endroits, activités),
- manière de vivre sa sexualité,
- situation économique,
- principales qualités,
- principaux défauts,
- les meilleures choses accomplies,
- les pires choses accomplies,
- la meilleure chose qui nous soit arrivée,
- la pire chose qui nous soit arrivée.

La liste n'est évidemment pas exhaustive et doit être complétée au gré de chacun. Cette description doit être faite à la troisième personne, avec la plus grande neutralité, comme s'il s'agissait de quelqu'un qui ne nous ne ferait ni chaud ni froid. S'il est fait consciencieusement, cet exercice nous fournira de la manière la plus simple la description appelée ego, et nous pourrons être certains que notre moi n'est pas autre chose que cette description, à laquelle nous vouons un culte par tout ce que nous faisons. Aussitôt que nous nous engageons dans la pratique du "non-agir", le moi que nous connaissions prend sa véritable dimension : celle d'une description que nous pouvons changer, ou jeter à la poubelle, comme la feuille de papier où elle figure.

Se dénoncer

Cet exercice est efficace pour ceux qui se font valoir en racontant sur eux-mêmes les pires choses, en mettant en épingle leurs grandes souffrances, leurs fautes ou leurs faiblesses. Il s'agit tout d'abord d'identifier les paroles et les gestes que nous répétons le plus fréquemment pour nous faire valoir, et qui sont, la plupart du temps :
- s'exprimer de manière à paraître très cultivé ou très spirituel,
- essayer d'avoir raison grâce à des arguments imparables,
- raconter ce que l'on fait de la manière la plus impressionnante,
- faire l'intéressant pour s'attirer les faveurs du sexe opposé,
- jouer les grands séducteurs ou les femmes du monde,
- raconter à qui veut l'entendre nos problèmes et nos drames pour qu'on nous plaigne.

On remarquera que la plupart de ces exemples mettent en jeu la parole, ce qui n'a rien d'étonnant, si l'on considère que le discours est l'instrument par excellence de la vanité. l'importance personnelle étant un rapport falsifié de la réalité, quoi de plus naturel que d'essayer, en nous exprimant, de recréer celle-ci afin de l'adapter à notre interprétation ? Ce sont là des attitudes qui visent, insidieusement, secrètement, à donner une image de nous-mêmes exaltante, bien supérieure à ce que nous sommes vraiment, faite de clichés, de poses, d'emprunts, de mensonges, de leurres, etc., à seule fin de flatter notre moi. Nous allons abandonner ces attitudes dès l'instant où elles se manifestent, en les dénonçant. Nous arrêter au beau milieu de notre discours, et dire quelque chose du genre : "Je viens encore de parler pour ne rien dire." "J'étais en train de jouer à mon petit jeu, qui consiste à faire l'intéressant..." ; ou encore : "Je t'en prie, ne fais pas attention, je suis encore en train de vouloir passer pour la grande victime."
Quand on veut se dénoncer soi-même, opter pour les phrases les plus directes et les mieux adaptées à son cas. Il faut bien entendu un minimum de discipline pour appliquer cette technique. Ses résultats sont réconfortants : on prête tout d'abord davantage attention à ce qu'on va dire ou faire avant d'ouvrir la bouche, puis on perd peu à peu le goût d'en imposer aux autres par nos discours.

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