"Para mi solo recorrer los caminos que tienen corazaon, cualquier camino que tenga corazon. Por ahi yo recorro, y la unica que vale es atravesar todo su largo. Y por ahi yo recorro mirando, mirando, sin aliento."

Prendre la mort comme conseillère


Le voyage à Ixtlan donne des techniques permettant d'épargner son pouvoir personnel. Prendre la mort comme conseillère permet de limiter en amont nos fuites d'énergie, notamment celles dues à notre importance personnelle.

"La mort est notre éternel compagnon, déclara don Juan avec un sérieux évident. Elle est toujours à notre gauche, à une longueur de bras. Pendant que tu observais le faucon, elle te regardait, elle murmurait à ton oreille, et exactement comme maintenant tu as éprouvé un frisson. Elle t'a observé, ainsi en sera-t-il jusqu'au jour où elle te touchera.
Il étendit le bras, me toucha légèrement à l'épaule et au même instant émit un claquement de langue. Le résultat fut foudroyant, je fus pris d'une envie de vomir.
Tu es ce garçon qui traquait le gibier et patiemment attendait. Tout comme la mort. Tu sais bien qu'elle est là, à ta gauche, exactement comme tu étais à gauche de ce faucon blanc."

"Comment peut-on se sentir tellement important quand on sait que la mort nous traque ? dit-il.
Lorsque tu t'impatientes, tournes-toi simplement vers ta gauche et demande un conseil à la mort. Tout ce qui n'est que mesquineries s'oublie à l'instant où la mort s'avance vers toi, ou quand tu l'aperçois d'un coup d'œil, ou seulement quand tu as l'impression que ce compagnon est là, t'observant sans cesse.
Chaque fois que tu crois - et pour toi c'est permanent - que tout va mal et que tu vas être détruit, alors tourne-toi vers ta mort et demande-lui si tu as raison. Ta mort te dira que tu as tort, que rien n'est important à l’exception de son contact. Et ta mort ajoutera : je ne t'ai pas encore touché.

Il sourit et se mit à fredonner un air mexicain.
Oui, dit-il après un long silence, l'un de nous doit changer, et très vite. L'un de nous deux doit apprendre que la mort est le chasseur, et qu'elle est toujours à sa gauche. L'un de nous deux doit demander à la mort de le conseiller et laisser tomber toutes les mesquineries courantes des hommes qui vivent leur vie comme si la mort n'allait jamais les toucher."

Consacrons quelques instants, toute affaire cessante, à examiner dans cette perspective la situation dans laquelle nous nous trouvons.

Cette technique est surtout très utile quand l'importance personnelle s'est imposée à nous et nous domine. Quand nous nous apitoyons sur nous-mêmes, quand nous avons l'impression d'avoir perdu quelque chose de très important, quand nous nous sentons offensés, quand nous éprouvons de la rancœur ou des désirs de vengeance, quand nous nous accrochons à quelque chose que nous avons déjà perdu, quand nous nous montrons mesquins et quand nous nions l'amour, quand la peur, la timidité nous empêchent d'agir comme nous voudrions le faire.

En de pareils moments, il faut consacrer quelques instants à regarder la mort en face, et à lui demander conseil. Nous devons pouvoir examiner ce qui nous tourmente, à la lumière de la mort qui nous attend, en considérant ce que nous faisons comme si c'était la dernière action de notre vie. Jusqu'à ce que la mort ait balayé la mesquinerie et la peur. Jusqu'à ce qu'elle ait rendu à notre situation sa dimension véritable, sa place exacte. Alors, nous nous rendons compte que les problèmes qui, dans le monde du quotidien, nous semblaient les plus importants, sont insignifiants, comparés à la mort. Nous sommes vivants. Et la mort nous guette. C'est la seule vérité qui importe. Tout le reste est vain.

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